Carfree change d'adresse, cliquez ici pour accéder au nouveau site

Carfree.fr

carfree.fr

La vie sans voiture(s)

L’affaire des quais à redimensionner: beaucoup de bruit pour rien?

« Les trains Regiolis et les Regio2N répondent aux attentes des Régions. Il restait à adapter l’infrastructure, comme on allonge une piste d’aéroport pour faire se poser un A380″. C’est ainsi que M. Cuvillier, Secrétaire d’Etat aux Transports, a justifié l’affaire des quais à 80 millions d’Euros qui a éclaté la semaine dernière. Eh bien une fois n’est pas coutume, je suivrai les ficelles de communication de notre Ministre, habituellement inexistant.

L’affaire a été révélée par le volatile expert en toute chose : une commande de trains larges impliquerait un redimensionnement des quais, soit une dépense de 80 millions d’euros. La classe politique l’a reprise au bond, trop contente de s’en prendre au duo SNCF et RFF pour faire oublier son incapacité, depuis 15 ans, à élaborer une politique ferroviaire cohérente. Mme Rabault, parlementaire socialiste, a même appelé à la démission de M. Pépy de ses fonctions de Président de la SNCF.

Sur le fond, il faut pourtant rappeler que le chemin de fer est un duo entre une infrastructure- la voie ferrée – et le matériel roulant – le train. On adapte habituellement celui-ci à celle-là : par exemple, on commandera un train équipé du même système de signalisation ou de la même alimentation électrique que la voie ferrée sur laquelle il est destiné à rouler.

Il n’y a cependant rien de choquant, sur le principe, à envisager le raisonnement inverse, c’est-à-dire à adapter la voie au nouveau matériel roulant. En l’espèce il s’agit de prendre un matériel plus capacitaire pour suivre l’augmentation du trafic ; plus capacitaire, et donc, plus large, et à y adapter le dimensionnement des quais, lequel coûtera donc 80 millions d’Euros, pour une commande de matériel roulant à 2 milliards.

Le souci semble être celui d’une certaine improvisation, due à connaissance insuffisante des données physiques du réseau par les gestionnaires d’infrastructure, de la dimension des quais et les problèmes de communication entre RFF et SNCF Infra. Ce sont là des soucis que tout le monde connait, qui sont nés de la politique suivie depuis plus de quinze ans, séparant la fonction de gestionnaire d’infrastructure entre RFF et SNCF Infra. Des éléments décidés par les politiques, que ces derniers sont trop contents de mettre sur le dos des établissements ferroviaires.

VD,
auteur du livre La Fracture ferroviaire – Pourquoi le TGV ne sauvera pas le chemin de fer,
Préface de Georges Ribeill, Editions de l’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2007.

http://lafractureferroviaire.skynetblogs.be



Articles relatifs


2 Commentaires, Commentaire ou Rétrolien

  1. Jean-Marc

    Il n’y a cependant rien de choquant, sur le principe, à envisager le raisonnement inverse, c’est-à-dire à adapter la voie au nouveau matériel roulant.

    c est d ailleurs ce qui a été fait pour les LGV en france,

    alors que d autres pays, comme l italie, on fait le choix inverse, avec les trains pendulaires
    (moins rapides en vitesse de pointe, mais moins cher, plus directement exploitable, et ceci, dans les gares historiques, au lieu d ouvrir des gares au milieu de champs de patates, desservit par des navettes)

  2. Pédibus pédibus

    « La classe politique l’a reprise au bond, trop contente de s’en prendre au duo SNCF et RFF pour faire oublier son incapacité, depuis 15 ans, à élaborer une politique ferroviaire cohérente. »

    Oui… Sauf que les élus régionaux me semblent largement fondés à taper sur les deux bureaucraties citées quand il s’agit de la qualité de service, par seulement ressentie : il est légitime que des régions qui ont largement investi dans la rénovation d’une partie de leur réseau, l’acquisition de nouveau matériel et l’extension de leur offre attende autre chose que la gestion calamiteuse actuelle. Et la rigidité bureaucratique ne peut qu’appeler des solutions locales avec les régions comme véritables AOTC à l’instar des EPCI pour les transports urbains, c’est-à-dire maîtrisant la totalité de la chaîne décisionnelle dans une posture bottom-up…

    Qu’on vende le fret aux Suisses et aux Allemands, qu’on rapatrie les intercités aux régions – avec les TER actuels – et qu’on laisse le joujou train électrique du TGV à nos techniciens technico centrés de nos belles institutions historiques Refeufeu Seneukeufeu… ça les occupera largement avant qu’ils ne sombrent complètement dans le gâtisme.