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La vie sans voiture(s)

Bienvenue à Voiture Land, le pays du drive!

Une nouvelle forme de grande distribution est en plein essor dans les zones péri-urbaines et les villes moyennes : le « drive ». Les courses sont préparées à l’avance selon votre commande et vous venez les chercher en voiture. La consécration d’un mode de vie péri-urbain où la voiture est reine.

Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne), reportage

A la sortie de l’autoroute, le rond point mène à une nationale qui file entre les champs, les pavillons et quelques entrepôts. L’un, afflublé d’un logo orange, se distingue : bienvenue au E.Leclerc Drive de Crécy-La-Chapelle.

Le bourg se situe à quarante-sept kilomètres de Paris, en bout de ligne de train de banlieue. Maisons et zones industrielles s’éparpillent et repoussent peu à peu les champs. Google maps indique trois drives et au moins quatre hypermarchés à moins de dix kilomètres.

Parking vide

A l’entrée du petit entrepôt, une jeune fille, l’air désabusé, attend les clients. En plein samedi après-midi, le parking, qui ressemble à celui d’une station service, est vide. Il faut garer sa voiture devant une borne, qui demande au client le code de sa commande. La jeune fille rentre dans le bâtiment, quasi vide : quelques congélateurs permettent de garder les produits au frais.

Le reste des commandes, moins d’une dizaine apparemment, attend déjà prêt dans des chariots abandonnés au centre du hangar. Mais aucune trace d’un stock de marchandises. Sans doute les paniers sont-ils préparés dans l’autre drive E.Leclerc, situé à quelques kilomètres, avant d’être acheminés ici .

La gardienne de l’entrepôt amène le chariot de courses jusqu’au coffre de la voiture, donne un coup de main pour le remplir, retourne s’asseoir à l’ombre de la tôle. En moins de cinq minutes, c’est terminé. Dans le coffre, essentiellement des boissons lourdes, plus pratiques à transporter en voiture, quelques pâtes, mais finalement peu de choses : il y a moins de choix sur internet qu’au supermarché. Difficile aussi, d’acheter des produits frais comme les fruits et légumes ou la viande quand on ne peut pas les choisir. Sans parler du rayon bio, réduit à peau de chagrin…

Du béton gris et des voitures

Autre zone périphérique, Aulnay-sous-bois est à peine à dix kilomètres de la capitale. Objectif, un autre E.Leclerc drive. Cette fois-ci il est possible de l’atteindre via le RER B, gare de Villepinte. Alors, Reportere poursuit son reportage au pays du Drive… à pied ! Loin de toute habitation, la gare est desservie par des lignes de bus et un parking plein à craquer. Quinze minutes de marche sans rencontrer un seul autre piéton permettent d’enfin distinguer l’affichage orange du E.Leclerc drive.

Le béton des trottoirs est fatigué, les bâtiments de bureaux et les entrepôts commerciaux sont gris malgré le soleil de fin d’après-midi. Beaucoup plus grand cette fois-ci, le parking peut accueillir une quinzaine de voitures. Elles défilent en un flot tranquille et continu. Les coffres ouverts s’alignent, approvisionnés par des magasiniers qui sortent de l’immense entrepôt. Le bâtiment doit faire dix mètres de haut. A l’intérieur, on distingue de grandes étagères de ferraille où s’alignent packs de boissons, couches et paquets de gâteaux.

Le drive, avant tout un gain de temps

En ce jour de semaine, à l’heure de sortie des bureaux, les clients sont plus nombreux. Le temps d’attendre le chariot de courses et de les charger dans le coffre, Céline explique qu’elle passe sur le chemin du retour du travail, avant d’aller chercher ses deux enfants à l’école : « Le drive, c’est plus pratique pour s’organiser. » Elle achète tout ici, « sauf les légumes ».

Mathieu, 27 ans travaille juste à côté. Il est content d’être débarrassé de la corvée des courses : « Je n’aime pas passer du temps en magasin… et puis le budget est maîtrisé, il n’y a pas de mauvaises surprises en arrivant à la caisse. »

Gaëlle ne vient que quand elle n’a pas le temps d’aller faire les courses. « J’ai beaucoup de travail, souvent tard le soir et même le week-end », s’excuse-t-elle. « Mais il n’y a pas tout sur le site. » Pour la viande à la découpe, certains fromages ou sa crème fraîche 0 %, elle est obligée de passer en magasin.

Le gain de temps est aussi le principal avantage du drive pour Sylvain. « Cela me permet de faire autre chose que les courses, je vais voir mes enfants plus tôt. » Encore vêtu d’un pantalon de travail maculé de plâtre, il sort du boulot et passe chercher la commande pendant que madame garde les enfants, âgés de six mois et de deux ans). Le rituel se répète chaque semaine : « Ma compagne fait les courses sur internet : notre liste est déjà enregistrée sur le site, on l’ajuste selon les besoins en fonction de ce qui reste dans le frigo. Cela va vite. » Pour compléter, il passe en semaine chez le boucher ou l’épicier : « Ici on n’achète que le gros ».

La sortie à l’hypermarché est devenue une corvée

Sylvain correspond au profil type d’utilisateur du drive, selon Olivier Dauvers, spécialiste de la grande consommation ; il édite chaque mois l’étude Drive Insights : « Si l’on caricature un peu, les drives visent les foyers avec très jeunes enfants. Là où l’emmerdement des courses est maximal. Le drive répond donc à une attente sociologique. Les courses sont devenues une corvée et les consommateurs sont en recherche de praticité. »

Finie, la sortie plaisir à l’hypermarché. « Quand ils se sont développés dans les années soixante, ils étaient vus comme un facteur de libération car ils offraient un choix infini : on pouvait faire toutes ses courses en un seul endroit, explique l’historien de la grande distribution Jean-Claude Daumas. Aujourd’hui, l’hypermarché est vécu comme une contrainte, car on y passe de plus en plus de temps, justement à cause de ce trop grand choix. »

Une évolution parfaitement perçue par Chronodrive, qui a inventé le drive alimentaire et ouvert le premier au monde à Marcq-en-Baroeul en 2004. Car contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il s’agit bien d’une innovation de la grande distribution française, et non d’un dérivé des drives à l’américaine. La France reste le pays au monde où l’on compte le plus d’hypermarchés par habitant et a souvent été un laboratoire de test pour la grande distribution mondiale.

Le concept a été développé autour de trois conditions essentielles raconte Loïs Bérenguier, directeur de la communication de Chronodrive : « Des courses sans frais de livraison, au même prix qu’en hypermarché et avec un système très souple. » Le drive permet d’aller chercher ses courses à l’heure que l’on souhaite : une fois commandées, elles restent prêtes pendant au moins 24 heures.

« On fait économiser à nos clients les deux heures de supermarché du samedi matin… Et tout cela dans une logique de proximité », ajoute le porte-parole de Chronodrive. Le choix de l’implantation est primordial : « On implante les drives en périphérie des villes, sur les flux domicile-travail, dans l’idéal à côté d’un rond point pour fluidifier l’accès et proches des zones pavillonnaires, comme cela quand le client se gare chez lui le coffre est juste à côté de la cuisine. »

Un symbole de la vie périurbaine où la voiture est reine

Un terrain de jeu soigneusement défini mais finalement « très large », reconnaît Loïc Bérenguier. « On trouve des drives partout en France, sauf à Paris, et dans les zones urbaines très denses », confirme le spécialiste des drives Olivier Dauvers.

Le drive serait-il le symbole exacerbé de cette vie périurbaine où la voiture est reine ? « Exactement », répond l’anthropologue de la consommation Dominique Desjeux. « La voiture est le moyen d’organiser la mobilité entre le logement, le commerce, et le loisir. Le système s’est instauré dans les années soixante, en même temps que le démarrage des hypermarchés. »

Dans ce système, le coffre, qui permet de transporter les courses est particulièrement utile : c’est pour cela que l’on ne va pas au supermarché à pieds ou en transports en commun. Dans ce contexte, « le drive est une nouvelle adaptation de la grande distribution à ce système périurbain… Et il contribue incontestablement à augmenter l’impact de la ville sur la campagne », poursuit le chercheur.

Un impact d’autant plus fort que les drives « se sont développés dans certaines zones de manière anarchique », déplore la députée PS du Nord Audrey Linkenheld. Rapporteure de la loi ALUR (loi pour pour l’accès au logement et un urbanisme rénové), elle a porté les mesures de régulation des drives.

« Jusqu’à la loi les drives ne devaient obtenir qu’un permis de construire, mais n’étaient soumis à aucune autorisation commerciale », explique la députée. Désormais, ils seront traités au même titre que les supermarchés.

Jusqu’où ira le drive ?

Mais la régulation arrive un peu tard… Les enseignes ont déjà ouvert des drives à tout va, de peur de se faire piquer la clientèle et les emplacements par la concurrence. Oliviers Dauvers en comptait 2.839 au 1er mars 2014, avec déjà 117 ouvertures depuis le début de l’année, en seulement deux mois.

Le journal spécialiste de la grande consommation LSA Conso établissait un palmarès des villes les mieux équipées en juillet dernier : Limoges (140.000 habitants) compte 7 drives, idem pour Le Mans (143.000) ou encore Angers (143.000 habitants) et Toulouse (439.000).

De quoi agacer certains élus locaux, en particulier quand les enseignes s’implantent « dans des zones où ils génèrent des flux de circulation supplémentaire, et ne tiennent aucun compte de l’aménagement urbain » rapporte Audrey Linkenheld. La loi devrait donner des armes supplémentaires aux maires pour gérer ces nouveaux venus de la grande distribution.

Mais elle ne devrait pas freiner le développement des drives estime Olivier Dauvers : « Les enseignes répondent à une attente sociologique, et le modèle est rentable : il est moins cher d’ouvrir un entrepôt qu’un véritable supermarché. » D’autant plus que les hypermarchés sont en perte de vitesse depuis quelques années.

« Les drives sont le principal vecteur de croissance de la grande distribution et leur chiffre d’affaires augmente de 60 à 70% chaque année depuis deux ou trois ans », affirme le spécialiste. Aujourd’hui, un quart des Français on déjà fait leurs courses au drive, qui assure 4% des achats alimentaires et bientôt 8% en 2015 selon les prévisions de l’institut Kantar publiées par LSA Conso.

Un constat temporisé par l’historien Jean-Claude Daumas. Pour lui, le drive est un nouveau canal de distribution parmi d’autres : « Depuis quelques années, le processus de courses se complexifie. On ne se contente plus d’un plein à l’hypermarché. On l’articule avec un supermarché plus petit, éventuellement une supérette et les commerces de proximité. »

Paradoxalement, l’invention du drive pourrait donc accompagner le retour du petit commerce de centre ville, du boucher du coin de la rue et de la sortie du dimanche matin au marché.

Source et photos : Marie Astier pour Reporterre

http://www.reporterre.net/spip.php?article5613



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28 Commentaires, Commentaire ou Rétrolien

  1. Pim

    Bizarrement, je ne suis pas aussi critique sur le drive que cet article et serait plutôt de l’avis de JC Daumas en fin d’article.
    Le drive présente au moins des avantages : il n’y a pas de tentation d’achats supplémentaires (ca c’est l’argument des drives eux memes), mais les parkings + surfaces artificialisées sont plus petites par rapport à un centre commercial traditionnel.

    Enfin, beaucoup de gens rechignent à acheter des produits frais dans ce genre d’enseignes et on peut espere qu’ils se (re)mettent donc à fréquenter les commerces de proximité.

    Ce qui est plus à craindre en revanche, c’est bien la main mise (sous forme de franchise par exemple) des grandes enseignes sur ces petits commerces. A quand un boucher sponsorisé auchan? ou meme une amap?

    on n’y est deja en fait : http://www.consoglobe.com/auchan-city-un-hypermarche-de-proximite-innovant-cg/3

  2. Pédibus pedibus

    Nos fanas de l’économétrie peuvent pas nous tambouiller une p’tite démonstration concernant l’absurdité du concept à partir de x USD le l de gasoline?

  3. Je ne trouve pas l’article particulièrement critique sur le phénomène drive, en fait il acte plus un phénomène qu’il ne le conteste. En particulier, rien n’est dit sur le fait que le drive s’appuie sur l’urbanisme automobile (périurbain, échangeurs, rocades, etc.) tout en le renforçant. Plus largement, le drive est de mon point de vue un nouveau modèle de société qui consiste à se mettre à l’écart au maximum des autres. Je pense ainsi à des exemples récents de Drive aux USA où on peut se « recueillir » devant le cercueil d’un proche sans sortir de sa voiture ou même en France (dans le sud je crois) où les policiers ont mis en place un drive où on peut déposer plainte sans sortir de sa voiture aussi. Mais on pourrait aussi parler plus communément des boulangeries drive qu’on trouve de plus en plus dans les zones périphériques (ce n’est pas vraiment du commerce de proximité!). En fait, ils sont en train d’accomplir le rêve ultime de la société de l’automobile, à savoir ne plus jamais sortir (ou presque) de sa voiture…

  4. Pédibus pedibus

    BEDCAR : maââââââââvelousse!!!

  5. Damien

    Bonjour
    je me permet également de recenser l’arrivée du Drive dans d’autres activités, notamment le « dépôt de lettre Drive » pour les boites aux lettres de la Poste ou à l’entrée des bâtiments type CAF, Sécurité Sociale, MSA… qui permet, selon les « concepteurs » de ce supports, d’éviter à ce que les automobilistes se garent n’importe comment aux alentours

  6. Pim

    Il est évident que le drive est bagnolesque par définition. Néanmoins, remplacer un service deja bagnolesque (le supermarché de périphérie avec ses parkings immenses) par un drive, est ce si choquant? Ca a au moins le merite de ne plus ressembler à un temple de la consommation mais plutot à un truc aussi glauque qu’une station service.
    Au final, si tous les services de peripherie deviennent aussi desagreables et « gris », les gens vont revenir Consommer (oh oui) en centre ville.

    Je lisais récemment dans les journaux toulousains que le « Nailloux Fashion Village », un faux village à la disneyland créé de toutes pièces pour accueillir des magasins de fringues à 20-30km de toulouse n’attire pas tant que ca les foules, et que les gens préfèrent les boutiques du centre ville.

    N’est ce pas une preuve du debut de la fin du supermarché? (pour une fois je suis optimiste tiens)

  7. Vincent

    CARFREE > Je ne trouve pas l’article particulièrement critique sur le phénomène drive, en fait il acte plus un phénomène qu’il ne le conteste.

    En même temps, on peut expliquer/décrire un phénomène sans forcément être critique.

    Expliquer des phénomènes a son utilité avant de prendre des décisions en connaissence de cause.

    C’est comme exiger systématiquement d’un auteur de fournir à la fin du bouquin des solutions. Pourquoi faut-il que la même personne se charge à la fois de l’analyse d’un problème et des solutions éventuelles? Chacun son job.

  8. Vincent

    s/connaissence/connaissance/

  9. Vincent, je ne dis pas le contraire, je réagissais seulement au commentaire de Pim qui semblait dire que l’article était critique vis-à-vis du drive.

  10. Je trouve l’article plutôt très objectif sur le phénomène des DRIVE. J’habite PAU et l’implantation d’un DRIVE à 1 km de mon domicile nous facilite grandement les choses. Notre quotidien est fait de déplacements à pied et en vélo et notre vieille voiture n’est utilisée que pour les vacances et parfois le week-end. Nous utilisons le drive une fois par semaine pour les produits d’épicerie et je vais la plupart du temps au drive en vélo avec la remorque. Les produits frais sont achetés aux producteurs locaux qui vendent aux halles.

    A mon sens le principe du DRIVE implanté près d’un centre urbain peut relancer l’économie des « petits » commerces de quartier. Le fait de ne plus être obligé de faire ses courses à l’intérieur du supermarché a changé ma vie. Je devais me préparer mentalement à zoner dans cet espace commercial. Mes yeux s’injectaient de sang, je devenais pire qu’un automobiliste dans un embouteillage.

  11. Pim

    oui, c’est une formulation malheureuse, ce n’est pas si critique en fait. C’est euh… descriptif

  12. Virtuous cycle

    Personnellement, j’ai du mal à croire que le drive puisse être un concept viable à grande échelle dans sa formule actuelle. Je pense qu’il s’agit plutôt actuellement d’une fuite en avant qui se développe rapidement car toutes les enseignes sont obligées de se positionner sans cesse devant leurs concurrents au risque d’y laisser des plumes…En effet, comme certain l’on remarqué, le marketing des supermarchés s’appuie notamment sur le fait de vous faire acheter plein de choses dont vous n’avez pas besoin en vous faisant déambuler entre les rayons et surtout, le caddie, c’est vous qui le poussé…comme dans les stations services où le pompiste c’est vous ( pas moi, j’y vais plus…) ou comme désormais dans les caisses automatiques des supermarket où la caissière c’est encore le client….Hors là dans les drive, plus de rayon et le caddie c’est quelqu’un d’autre qui le pousse à votre place, pour vous faire gagner du temps… Mais si les articles sont aux mêmes prix que ceux du supermarché classique, qui payent le salaire du larbin de service qui fait les courses à la place du clients ?…Du coup je me demande si derrière tout ça il n’est pas prévu pour l’instant d’occuper le terrain et à terme de transformer tout cela avec de l’automatisation et de la robotisation…genre magasin automatique: fini le personnel, fini le vol, fini les invendus à cause des dlc, fini …fini plein de trucs quoi…sauf les profits, évidemment !

  13. Pédibus pedibus

    Le commerce de proxi partout pour dynamiter… heu zé… le chiffre de Walkscore dans toute la ville!!!

    Le draââîlleveu uniquement pour la station service auto… et la gasoline…

  14. En fait, la question que je me pose, c’est pourquoi ces gens choisissent le « drive » plutôt qu’une livraison à domicile, pour ceux qui sont dans une zone où la livraison est possible, c’est-à-dire pour la grande majorité des gens ? Dans les supermarchés en ligne, le choix est très vaste, et dès qu’on passe un certain seuil (ce qui est très facile pour une famille, même en excluant les fruits, légumes, viande et fromage), la livraison est gratuite. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de la démarche et gagner encore plus de temps ? Juste pour le plaisir de rentabiliser la voiture ?

    (Je parle bien de ces foyers avec jeunes enfants qui n’ont vraiment pas de temps à perdre au supermarché et qui ne peuvent pas acheter leur douze ou quinze litres de lait et trois ou quatre kilos de pâtes hebdomadaires, sans même parler du reste, dans des commerces de proximité)

  15. Vincent

    FOFO > En fait, la question que je me pose, c’est pourquoi ces gens choisissent le « drive » plutôt qu’une livraison à domicile

    Peut-être qu’ils ne commandent pas assez pour obtenir une livraison gratuite.

    De plus, peut-être que les produits sont vendus au même prix, là où d’autres enseignes vendent plus cher.

  16. Jean-Marc

    « « Les drives sont le principal vecteur de croissance de la grande distribution et leur chiffre d’affaires augmente de 60 à 70% chaque année depuis deux ou trois ans », affirme le spécialiste. Aujourd’hui, un quart des Français on déjà fait leurs courses au drive, qui assure 4% des achats alimentaires et bientôt 8% en 2015 selon les prévisions de l’institut Kantar publiées par LSA Conso. »

    On a là, la raison du drive :
    les ventes des super/hyper STAGNEBNR, voire régrssent, depuis qq années :

    « les gens » commencent à s en détourner.

    ils ont identifier certains des publics qui s en détournent, donc qui vont moins ou qui ne vont plus chez eux :
    « les jeunes couples avec enfants » (et autres personnes qui ne veulent plus perdre leur temps dans les hyper/super)

    => ce système leurpermet de moins perdre, voire de recapter des clients qui commencaient à aller ailleurs
    (bizarement.. ils n avaient pas cesser de manger ni de se vétir, en n allant plus au hyper/super claissique)

    Donc, ceux qui croient que le drive va aider le commerce de proxi (Hristo par ex) se trompent :
    c est des clients qui étaient en train de partir pour le commerce de proxi (ou autre méthode, comme la livraison à dom.),
    que les hyper/super étaient en train de perdre, qui s y retrouvent re-lié.

    En sachant que, qq un qui achete des bouteilles de sodas ou de bière industrielles en palettes au drive, ne sera pas un conso de jus de pomme, bière ou vin bio d’une amap ou d’une épicier bio :
    le drive permet de l enfermer dans les produits indus
    [d ailleurs, il est précisé dans l article que le rayon bio (industriel.. celui des super/hyper) est réduit à quasi rien... deja qu'il est ridicule en super/hyper, là, il est encore pire...]


    pourquoi ces gens choisissent le « drive » plutôt qu’une livraison à domicile, pour ceux qui sont dans une zone où la livraison est possible, c’est-à-dire pour la grande majorité des gens ?

    2 choses :

    - c est peut-etre l évolution future..
    ces systèmes sont aussi en croissance
    - l avantage du drive : c est la dispo pendant 24h :
    contrairement à la livraison, où c est à toi d être chez toi de telle heure à telle heure, en espérant que la livraison arrive bien dans la fourchette prévue,
    là, tu y vas quand tu peux.

    La partie où il est précisé qu’il n y a pas de magasin à coté, que les caddies sont remplies ailleurs (puis livrés en camions… pas de téléportation..)
    est particulièrement intéressante :

    fausse proxi :
    livraison en camion jusqu’au magasin/la plateforte de commande, puis re-livraison (plus courte) jusqu au drive-dépôt d achat…


    Damien, tu as raison de parler de ces drive boite aux lettres :

    j ai deja dû (en étant à pied) poster dans un tel drive, au milieu d’une rue très roulante,
    car je n ai pas trouvé (elle ne devait plus exister..) la boite aux lettres dans la porte de l établissement, ou juste à coté…
    [rue à sens unique : j ai dû traverser la chaussée 2x2 voies (limitée à 50km/h, mais où bcp s approchent du 70, comme c est une très belle ligne droite) pour poster dans la boite, sur le coté droit de la chaussée, alors que l établissement de la CAF est à gauche]

    Créer des outils spécifiques aux voitures,
    et des contraintes pour les non utilisateurs de voitures,
    c est rendre de plus en plus difficile, pour certains, le futur abandon de la voiture, ou simplement son moindre usage..

  17. Pim

    @FOFO : sur la livraison à domicile. J’ai aussi du mal à comprendre cette réaction. Mais vendant régulièrement des articles sur LBC, j’ai remarqué que les gens préfèrent faire beaucoup de km en voiture plutot que de payer des frais de port, ce qui n’est en fait pas rentable pour eux. Si en plus on compte le temps passé….

    Perso, j’habite en centre ville et je préfère utiliser la livraison de courses si elles sont importantes quitte à payer 5-7eur. J’économise 15-20km A-R par rapport à un drive et surtout au moins 1h A-R aux heures d’affluence.
    Mais tout le monde n’est pas de mon avis semble – t – il. Pourtant les lecteurs de vroum-vroum magazine devraient savoir que le cout réel du km est estimé entre 0.30 et 0.40 eur / an .
    Bref d’un point de vue financer, c’est rentable, et d’un point de vue temps aussi.
    Par contre, ca génère pas mal de cartons (qui intéresse tjs des gens sur des réseaux de dons), mais ce n’est plus un débat carfree.

  18. aurelien

    Reste que ces drive créent moins d’emplois que les supermarchés, mais ils peuvent effectivement rediriger les gens vers le centre…

  19. Les enseignes répondent à une attente sociologique, et le modèle est rentable : il est moins cher d’ouvrir un entrepôt qu’un véritable supermarché.

    Bah voyons, ça répond surtout à une attente des supermarchés qui cherchent à attirer plus de clientèle et qui comptent sur la société de la voiture et sur le fait que les gens iront toujours vers le moins d’effort possible.

    Je suis rejoins assez carfree sur l’évolution que ça promet de la société de la voiture : tous dans la caisse et on n’en sort plus sauf pour aller chez soi ou dans son cercle privé.

    Les hypermarchés ont déjà ceci d’inhumain qu’à la place de s’adresser à une personne pour faire ses courses, on doive aller à l’entrepôt (rayons des magasins) soi-même pour choisir ses produits en fonction d’emballages bariolés d’indications (les marques, la pub, les « miam c’est trop bon achète moi ») et remplir son tire-palettes (chariot) pour aller faire la queue pour pointer (passer à la caisse).

    Aller à l’hyper c’était déjà l’usine, et comme les gens, ils y vont parce qu’on leur promet que c’est la façon la moins fatiguante et qui demande le moins d’effort possible pour faire ses courses, ils se rendent bien compte au bout d’un certain nombre d’années que c’est lugubre et invivable les jours de foule (les fameux vendredi soirs ou samedi après-midi), alors ils s’en détournent.

    Mais comme les grandes enseignes ne veulent pas que les gens s’en détournent, ils trouvent une nouvelle arme : finalement c’est plus fatiguant que ce qu’on vous avait dit ? On va le faire pour vous dans ce cas, revenez !

    Il y a trop de monde ? On vous retire le monde, vous pouvez rester ENTRE-VOUS sans ne jamais plus croiser le regard de qui que ce soit, la personne qui met les courses dans votre coffre ira le plus vite possible, promis.

    Puis l’avantage, c’est qu’en évitant que les gens ne se parlent entre eux, on évite les idées un peu trop sociales et on favorise un peu le chacun pour sa pomme et le bonheur dans la consommation.

    Le drive, c’est top.

  20. Andreas

    Le « drive » est surtout un moyen d’éviter de faire ses courses soi-même et de faire la queue à la caisse. Les « drive » ne consacrent pas plus la voiture que le supermarché sans drive.

    Et rien ne nous empêche d’aller chercher nos courses en vélo avec remorque.

  21. Elisa

    Jean Marc donne la principale raison de la supposée supériorité du Drive sur la livraison à domicile : il faut l’attendre, on craint qu’elle ne soit pas fiable etc
    Échanges très intéressants sur ce nouveau phénomène qui mange encore de l’espace et justifie l’usage de l’auto. C’est si glauque comme il est décrit dans l’article et écrit dans un des messages qu’on se prend à rêver que c’est déjà un tournant vers une autre forme de commerce.

  22. Jean-Marc

    « Et rien ne nous empêche d’aller chercher nos courses en vélo avec remorque. »

    T inquiète, sur ce site, nous sommes deja plusieurs à le faire, avec ou sans remorque
    (et sans aller ni dans un hyper, un super ni un drive; mais juste des épicerie et autres commerces de proxi)

    malheureusement, au niveau national, nous sommes une minorité,
    et nous parlons donc d’un phénomène en expansion… et qui est très majoritairement utilisé par des personnes en voiture

    (d ailleurs, vu le positionnement des drive, proche d échangeurs autoroutiers ou d’une nationale, on comprend qu’ils n ont pas été conçus prioritairement pour les personnes à vélos…)

    Mais il existe d autres phénomènes récents, comme les AMAPs, qui pourraient être l occasion de faire un sujet plus gaie, plus positif, montrant un avenir plus radieux

  23. De ANDREAS

    Le « drive » est surtout un moyen d’éviter de faire ses courses soi-même et de faire la queue à la caisse.

    Oui c’est ce qu’on dit, c’est un moyen d’en faire de moins en moins pour ne s’occuper que de son cercle privé.

    La voiture est surtout un moyen d’éviter d’avancer par soi-même.

    Si certaines personnes voyaient « les courses » autrement que par les grandes surfaces, elles retrouveraient peut-être un côté agréable à ce qui leur semble une corvée hebdomadaire et les campagnes recommenceraient à vivre …

  24. Jean-Marc

    « Les « drive » ne consacrent pas plus la voiture que le supermarché sans drive. « 

    (je parle du super/hyper de zone commerciale, celui le plus en développement ces 20 dernières années, et pas du super de « ville », qui lui, a plus de non-automobilistes venant chez lui)

    Les 2, super/hyper comme drive, comme le montre leur positionnement (zone commerciale pour l un, zone commerciale ou indus pour l autre, desservies que par l auto pour les 2) sont fait pour la voiture
    (et de + en + les camionnettes.. vu la taille de certains SUV et monospaces)

    savoir lequel des 2 à un chiffre d affaire à 99,9%, à 97%, ou à 95% fait par des automobilistes (donc supérieur ou inférieur à l autre), n est pas hyper intéressant en soi…

    par contre, savoir que des petits commerces de centre-ville font plus de 50% de leur chiffre d affaire avec des gens ne venant pas en auto, là, c est de suite plus intéressant…
    çà montre que le choix de ton type de commerce influence bien plus ton mode de déplacement (et vice-versa) que d habiter en centre-ville ou en périphérie :

    je connais de nombreuses personnes habitants en centre-ville, mais faisant leurs courses en voitures, en supermarchés de zone commerciale… ils s éloignent de chez eux, passant devant des commerces, perdant du temps et de l argent (leur déplacement n est pas gratuit… contrairement à un déplacement à pied ou à vélo) pour profiter d’une réduc de 5 centimes… inutile de le préciser… mais, en général, ces personnes faisant 2x10km pour gagner 5 centimes, sont ceux qui ont les comptes les plus dans le rouge, vu leur façon surréaliste de gérer leurs dépenses…

    (le genre de personne qui achètent un objet 50E, car il était à 100, avec réduc de 50%, et qui disent « j ai économisé 50E, tu ne te rends pas compte de la bonne affaire ! », alors qu’ils ont dépensés 50E dans un truc qui leur est très souvent inutile. La preuve : sans la réduc, ils n auraient même pas imaginé l acheter…)

  25. Ah ben ça c’est le coup des soldes qu’on a chaque année …

  26. Si j’avais un tel entrepôt, j’ouvrirai un hangar où l’on peut trouver toutes choses sur la mode, des vêtements, des accessoires. Tout ce que les jeunes d’aujourd’hui cherchent et tout ça à bon prix. Merci pour le partage.

  27. fax internet

    Et bien un entrepôt, c’est toujours utile. On peut monter un garage ou encore autre chose qui a besoin de grand espace. Et pourquoi, un studio de danse.Peu importe l’idée, un entrepôt c’est toujours nécessaire.
    Merci pour le partage.