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Comment les riches détruisent le monde

La dégradation de l’environnement est intimement liée à la crise sociale. En effet, ceux qui détiennent les leviers politiques et financiers sont aussi les promoteurs d’un modèle de consommation à outrance, dévastateur pour la planète… mais imité par les couches moyennes. Que ceux du haut de l’échelle misent sur la décroissance, et l’effet d’entraînement est assuré… La préservation de la planète passe par l’égalité.

Les trois ou quatre générations situées à la charnière du troisième millénaire sont les premières dans l’histoire de l’humanité, depuis que les bipèdes arpentent la planète, à se heurter aux limites de la biosphère. Cette rencontre ne se fait pas sous le signe de l’harmonie, mais sous celui d’une crise écologique majeure.Soulignons-en quelques aspects. Le premier d’entre eux est l’inquiétude nouvelle des climatologues: ils raisonnent depuis quelques années sur l’hypothèse d’une irréversibilité possible du changement climatique. Jusqu’à présent, on pensait qu’un réchauffement graduel interviendrait, mais que, quand l’humanité se rendrait compte de la gravité de la situation, il serait possible de revenir en arrière et de retrouver l’équilibre climatique. Les climatologues nous disent qu’il est possible qu’on atteigne un seuil tel que le système climatique dérape vers un désordre irréversible. Plusieurs séries d’observations nourrissent cette inquiétude: les glaciers du Groenland fondent bien plus vite que ne le prévoyaient les modélisateurs; les océans pourraient pomper moins de gaz carbonique; le réchauffement déjà à l’œuvre pourrait accélérer la fonte du pergélisol, cette immense couche de terre gelée située en Sibérie et au Canada, qui de ce fait menacerait de relâcher les quantités énormes de gaz carbonique et de méthane qu’elle recèle.

Une deuxième observation est que la crise écologique ne se réduit pas au changement climatique. Celui-ci est le phénomène le mieux connu du grand public, il n’est cependant qu’un volet de la crise globale, dont un autre a une importance sans doute équivalente: l’érosion de la biodiversité, dont l’ampleur ne peut être mieux illustrée que par le fait que les spécialistes parlent de « sixième crise d’extinction » pour désigner la disparition accélérée d’espèces que notre époque expérimente. La cinquième crise d’extinction, il y a soixante-cinq millions d’années, avait vu la disparition des dinosaures.

Troisième volet, peut-être moins sensible ou moins bien synthétisé que la problématique du changement climatique: une contamination chimique généralisée de notre environnement, dont deux aspects sont particulièrement troublants. D’une part, les chaînes alimentaires sont contaminées, certes à des doses minimes, par des polluants chimiques. D’autre part, il apparaît de plus en plus clairement que le plus grand écosystème de la planète, l’ensemble des océans, que l’on pensait presque infini dans sa capacité de régénération, est de plus en plus affaibli, soit par la pollution, soit par la dégradation de tel ou tel de ses écosystèmes particuliers.

Pourquoi nos sociétés ne mènent-elles pas une politique écologique ?

Cette entrée en matière définit l’urgence politique de notre époque. Cependant, ce n’est pas d’aujourd’hui, ni même d’hier, mais depuis plusieurs décennies que notre société est avertie du péril. Depuis que Rachel Carson a lancé l’alerte avec Le Printemps silencieux en 1962, depuis que, dans les années 1970, la question écologique a pénétré avec éclat le débat public, conférences internationales, articles scientifiques, luttes des écologistes ont depuis lors amassé une masse de connaissances confirmant toujours la tendance générale.

Pourquoi, alors, nos sociétés ne s’orientent-elles pas vraiment vers les politiques qui permettraient d’éviter l’approfondissement de la crise écologique? C’est la question cruciale. Pour y répondre, il faut analyser les rapports de pouvoir dans nos sociétés. Elles sont en effet organisées pour bloquer ces politiques nécessaires.

Comment? Depuis une vingtaine d’années, le capitalisme se caractérise par le retour de la pauvreté dans les pays riches. Le recul du taux de pauvreté, continu depuis la fin des années 1940, s’est interrompu dans les pays occidentaux voire, dans certains cas, s’est inversé. De même, le nombre de personnes en situation de précarité, c’est-à-dire légèrement au-dessus du seuil de pauvreté, augmente lui aussi de façon régulière. Par ailleurs, au niveau mondial, le nombre de personnes en situation de pauvreté absolue, c’est-à-dire disposant de moins de 2 dollars par jour, reste de l’ordre de 2 milliards, tandis que l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (en anglais, Food and Agricultural Organization, FAO) estime à 820 millions le nombre d’humains insuffisamment nourris.

L’augmentation des inégalités depuis une vingtaine d’années constitue un autre aspect de la crise sociale. De nombreuses études l’attestent. L’une d’entre elles, conduite par deux économistes de Harvard et du Federal Reserve Board, est des plus parlantes (1). Carola Frydman et Raven E. Saks ont comparé le rapport entre le salaire gagné par les trois premiers dirigeants des cinq cents plus grandes entreprises américaines et le salaire moyen de leurs employés. Cet indicateur de l’évolution des inégalités reste stable des années 1940, moment où commence l’observation, jusqu’aux années 1970 : les patrons des entreprises considérées gagnaient environ trente-cinq fois le salaire moyen de leurs employés. Puis se produit un décrochement à partir des années 1980, et le rapport monte de façon assez régulière jusqu’à atteindre environ cent trente dans les années 2000.

Evolution du rapport entre le salaire des dirigeants des 500 plus grandes entreprises des Etats-Unis et le salaire moyen de leurs employés (Frydman et Saks).

Ces études signifient qu’une rupture majeure est intervenue dans le fonctionnement du capitalisme depuis soixante ans. Durant ce que l’on a appelé les « trente glorieuses », l’enrichissement collectif permis par la hausse continue de la productivité était assez équitablement distribué entre capital et travail, si bien que les rapports d’inégalité demeuraient stables. A partir des années 1980, un ensemble de circonstances, qu’il n’est pas lieu d’analyser ici, a conduit à un décrochage de plus en plus prononcé entre les détenteurs du capital et la masse des citoyens. L’oligarchie accumule revenus et patrimoine à un degré jamais vu depuis un siècle.

Il est essentiel de s’intéresser à la façon concrète dont les hyper-riches utilisent leur argent. Celui-ci n’est plus caché comme au temps de l’austère bourgeoisie protestante décrite par Max Weber: il nourrit au contraire une consommation outrancière de yachts, d’avions privés, de résidences immenses, de bijoux, de montres, de voyages exotiques, d’un fatras clinquant de dilapidation somptuaire. Les Français découvrent avec M. Nicolas Sarkozy un exemple désolant de ce comportement tape-à-l’œil.

Au coeur du problème : la rivalité ostentatoire

Pourquoi cela est-il un moteur de la crise écologique? Pour le comprendre, il nous faut nous tourner vers le grand économiste Thorstein Veblen, dont la pensée était rangée par Raymond Aron au même niveau que celles de Carl von Clausewitz ou d’Alexis de Tocqueville (2). Bien oubliée aujourd’hui, elle n’en présente pas moins une saisissante pertinence.

Résumons-la à l’extrême. Que disait Veblen? Que la tendance à rivaliser est inhérente à la nature humaine. Chacun d’entre nous a une propension à se comparer aux autres, et cherche à manifester par tel ou tel trait extérieur une petite supériorité, une différence symbolique par rapport aux personnes avec lesquelles il vit. Veblen ne prétendait pas que la nature humaine se réduit à ce trait, il ne le jugeait pas d’un point de vue moral, il le constatait. S’appuyant sur les nombreux témoignages des ethnographes de son époque, il constatait aussi que cette forme de rivalité symbolique s’observe dans toutes les sociétés.

De surcroît, poursuivait-il, toutes les sociétés produisent assez aisément la richesse nécessaire pour satisfaire leurs besoins de nourriture, de logement, d’éducation des enfants, de convivialité, etc. Pourtant, elles produisent généralement une quantité de richesses bien supérieure à la satisfaction de ces besoins. Pourquoi? Parce qu’il s’agit de permettre à leurs membres de se distinguer les uns des autres.

Veblen constatait ensuite qu’existent le plus souvent plusieurs classes au sein de la société. Chacune d’entre elles est régie par le principe de la rivalité ostentatoire. Et, dans chaque classe, les individus prennent comme modèle le comportement en vigueur dans la couche sociale supérieure, qui montre ce qu’il est bien, ce qu’il est chic de faire. La couche sociale imitée prend elle-même exemple sur celle qui est située au-dessus d’elle dans l’échelle de la fortune. Cette imitation se reproduit de bas en haut, si bien que la classe située au sommet définit le modèle culturel général de ce qui est prestigieux, de ce qui en impose aux autres.

Que se passe-t-il dans une société très inégalitaire? Elle génère un gaspillage énorme, parce que la dilapidation matérielle de l’oligarchie – elle-même en proie à la compétition ostentatoire – sert d’exemple à toute la société. Chacun à son niveau, dans la limite de ses revenus, cherche à acquérir les biens et les signes les plus valorisés. Médias, publicité, films, feuilletons, magazines « people » sont les outils de diffusion du modèle culturel dominant.

Comment alors l’oligarchie bloque-t-elle les évolutions nécessaires pour prévenir l’aggravation de la crise écologique? Directement, bien sûr, par les puissants leviers – politiques, économiques et médiatiques – dont elle dispose et dont elle use afin de maintenir ses privilèges. Mais aussi indirectement, et c’est d’une importance équivalente, par ce modèle culturel de consommation qui imprègne toute la société et en définit la normalité.

Réduire la consommation matérielle

Nous rebouclons maintenant avec l’écologie. Prévenir l’aggravation de la crise écologique, et même commencer à restaurer l’environnement, est dans le principe assez simple: il faut que l’humanité réduise son impact sur la biosphère. Y parvenir est également en principe assez simple: cela signifie réduire nos prélèvements de minerais, de bois, d’eau, d’or, de pétrole, etc., et réduire nos rejets de gaz à effet de serre, de déchets chimiques, de matières radioactives, d’emballages, etc. Ce qui signifie réduire la consommation matérielle globale de nos sociétés. Une telle réduction constitue le levier essentiel pour changer la donne écologique.

Qui va réduire sa consommation matérielle? On estime que 20 à 30 % de la population mondiale consomme 70 à 80 % des ressources tirées chaque année de la biosphère. C’est donc de ces 20 à 30 % que le changement doit venir, c’est-à-dire, pour l’essentiel, des peuples d’Amérique du nord, d’Europe et du Japon. Au sein de ces sociétés surdéveloppées, ce n’est pas aux pauvres, aux salariés modestes que l’on va proposer de réduire la consommation matérielle. Mais ce n’est pas non plus seulement les hyper-riches qui doivent opérer cette réduction: car même si MM. François Pinault, Vincent Bolloré, Alain Minc, Bernard Arnault, Arnaud Lagardère [des milliardaires français], Jacques Attali et leur cortège d’oligarques se passent de limousines avec chauffeurs, de montres clinquantes, de shopping en 4X4 à Saint-Tropez, ils ne sont pas assez nombreux pour que cela change suffisamment l’impact écologique collectif. C’est à l’ensemble des classes moyennes occidentales que doit être proposée la réduction de la consommation matérielle.

On voit ici que la question de l’inégalité est centrale: les classes moyennes n’accepteront pas d’aller dans la direction d’une moindre consommation matérielle si perdure la situation actuelle d’inégalité, si le changement nécessaire n’est pas équitablement adopté. Recréer le sentiment de solidarité essentiel pour parvenir à cette réorientation radicale de notre culture suppose évidemment que soit entrepris un resserrement rigoureux des inégalités – ce qui, par ailleurs, transformerait le modèle culturel existant.

La proposition de baisse de la consommation matérielle peut sembler provocante dans le bain idéologique dans lequel nous sommes plongés. Mais, aujourd’hui, l’augmentation de la consommation matérielle globale n’est plus associée avec une augmentation du bien-être collectif – elle entraîne au contraire une dégradation de ce bien-être. Une civilisation choisissant la réduction de la consommation matérielle verra par ailleurs s’ouvrir la porte d’autres politiques. Outillée par le transfert de richesses que permettra la réduction des inégalités, elle pourra stimuler les activités humaines socialement utiles et à faible impact écologique. Santé, éducation, transports, énergie, agriculture sont autant de domaines où les besoins sociaux sont grands et les possibilités d’action importantes. Il s’agit de renouveler l’économie par l’idée de l’utilité humaine plutôt que par l’obsession de la production matérielle, de favoriser le lien social plutôt que la satisfaction individuelle. Face à la crise écologique, il nous faut consommer moins pour répartir mieux. Afin de mieux vivre ensemble plutôt que de consommer seuls.

……………………………

Notes :

(1) Frydman, C. & Saks, R.E., « Executive Compensation : A New View from a Long-Run Perspective, 1936-2005″, Finance and Economics Discussion Series 2007-35, Washington, Board of Governors of the Federal Reserve System.

(2) Veblen, Thorstein, Théorie de la classe de loisir, Gallimard, collection Tel, Paris, 1970.

Source : Reporterre

Pour en savoir plus :

Comment les riches détruisent la planète (éd. Seuil, 2007, coll. Points 2009, voir plus d’infos à la page du livre.



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29 Commentaires, Commentaire ou Rétrolien

  1. Pim

    Le livre d’Hervé Kempf du presque meme titre ‘comment les riches détruisent la planète’ (cité ci dessus) se lit très facilement, est très court et bien évidemment excellent. C’est un immanquable.

  2. MOA

    La partie de l’article qui parle du concept de rivalité ostentatoire de Veblen (que je n’ai pas lu) m’a tout de suite fait penser à Bourdieu.

    Le concept d’habitus / de champs de Pierre Bourdieu ou même dans un registre peut être moins sociologique, le concept de désir mimétique de René Girard peuvent donner des clés de compréhension du comportement humain.

    Pour une introduction à la sociologie critique de Pierre Bourdieu (qui peut être compliqué à lire), il y a le livre d’Alain accardo tout à fait accessible qui porte a peu près le titre ci-dessus.

    Pour Girard : « Des choses cachées depuis la fondation du monde » permet d’accéder à sa pensée facilement en regroupant, développant, clarifiant les concepts de mimesis, victime emissaire, etc…

  3. Sur Veblen et sa théorie de la classe de loisir on peut aussi se référer à l’article suivant:
    http://carfree.fr/index.php/2009/02/02/theorie-de-la-classe-de-loisir/

  4. Lomoberet Lomoberet

    « La préservation de la planète passe par l’égalité »
    C’est bien beau, l’ÉGALITÉ, mais, c’est sans compter sur l’esprit de compétition des humains.
    Il y en aura toujours un qui voudra être ‘plus égal » que les autres, et donc, pour être « plus égal », il faut en faire plus, et encore plus car, les autres aussi, voudraient être dans les « plus égaux ». Et c’est reparti !

  5. Corinne

    Belle théorie ,mais c’est sans compter sur la nature humaine .
    L’envie ,la convoitise sont les moteurs de l’espèce dominante sur cette terre.
    L’homme est un loup pour l’homme et pour le reste du vivant.
    Il oublie cependant qu’il vit au dépends de ce qui l’entoure.
    Une minorité en a conscience,une autre se résigne et la majorité fait l’autruche laissant aux générations futures le soin de réparer ou subir les dégats.

  6. MOA

    Corinne, je ne serais pas aussi catégorique que vous concernant l’idée communément admise qu’il serait dans la « nature » de l’homme d’écraser son prochain…. même si de nombreux exemples semblent le montrer. Je pense qu’on est en présence d’un lieu commun qui mérite d’être interrogé (un certain nombre d’auteur-e l’ont fait).

    Quant à l’égalité, cela me fait penser que la devise de la république francaise devrait être inversée pour atteindre sans doute une meilleure égalité… et liberté. Fraternité, égalité, liberté.

  7. fentreti

    Le diable à mis l’homme sur terre pour détruire la planète .

  8. bikeman

    En tous cas la conclusion de l’article est bonne. Mais bien d’accord avec vous tous, c’est l’être humain qui détient les clés du changement, il ne manque plus que la volonté à ce dernier pour faire évoluer les choses…

  9. Certes, un riche détruit (individuellement) le monde beaucoup plus qu’au pauvre. Mais les riches sont ultra minoritaires, peut être 1% et donc, même en polluant 10 ou 20 fois plus, ils ne sont responsables que de 10 à 20% des maux écologiques de la planète…

    Dès lors, il est clair que la dégradation actuelle est aussi liée à la question des effectifs. Nous sommes de toute évidence déjà fort nombreux (7 milliards) et les prévisions sont plutôt pessimistes : 10 milliards en 2100 ! Si nous voulons sauver ce qui peut encore l’être, nous devons impérativement faire en sorte de faire mentir les prévisions onusiennes en investissant massivement dans l’éducation des filles et dans la planification familiale.

  10. Kenny

    Vous avez raison, MOA. L’égalité forcée avant tout. Au diable la liberté, seule une dictature permettrait de faire avancer la Cause.

  11. MOA

    Vous allez lu de travers Kenny et je vous laisse responsable de votre conclusion.
    D’abord j’ai place la fraternité avant tout qui elle amènerait l’égalité ; la liberté serait ainsi atteinte.

  12. MOA

    Au fait, Kenny, n’hésitez pas à appliquer votre méthode / raisonnement avec la fraternité en tête de liste (telle que je l’ai mentionné)… puis avec à la liberté (là ce ne sera pas trop difficile)… on aura fait le tour comme ça.

  13. Pim

    HAAA Hervé Kempf. EXCELLENT ce monsieur. Et pour preuve, il écrit encore un joli texte dans le monde : http://reporterre.net/spip.php?article3026

  14. Peut-on peut décroître (économiquement) dans un monde qui continue à croître… démographiquement ? Dans un monde aux limites et aux ressources finies, l’absurdité physique d’une telle proposition (sauf à faire tendre le niveau de vie individuel vers zéro) est flagrante…

  15. Jean-Marc

    Elle est « tellement » flagrante, que je ne la vois pas…

    Compare l’empreinte carbone d’un benghali et d’un qatari, et tu comprendras peut-etre la vraie nature du problème.

  16. @Jean-Marc, selon vous « dans un monde aux limites et aux ressources finies » on peut donc « décroître (économiquement) tout en continuant à croître… démographiquement ?  »
    J’aimerais bien que vous m’expliquez votre raisonnement sur le long terme…
    Maintenant que les « riches » polluent incroyablement plus que les « pauvres », c’est tout aussi flagrant, je ne le conteste pas, mais ça n’était pas là mon propos.

  17. apanivore

    Moi non plus. L’absurdité c’est que notre style de vie (de riche) consomme (détruit) largement + que notre population ne croit.
    Pour ne prendre que l’exemple français, l’artificialisation des sols croit 4 fois plus que la population.
    Le rêve de la maison individuelle, qui va de pair avec l’automobile et les moult routes, autoroutes, parkings et rocades qu’elle requiert est plus un cauchemar qu’autre chose.
    Et un tabou. Puisqu’on ose parler de maison « écologique » pour une nouvelle construction, qui par définition consomme de l’espace agricole (où va-t’on produire la nourriture que cet espace ne produira plus ?) ou sauvage (où va-t’on retrouver la biodiversité de ces centaines de m2 de forêt ou de prairie détruit ?). Les cas où on construit sur un terrain déjà artificialisé sont ultra-minoritaires.

  18. @Apanivore,
    Très bon exemple que celui de notre pays qui croît régulièrement, dangereusement et INUTILEMENT de 350.000 personnes par an : tous les ans donc, nous devons bâtir une ville comme NICE !!!
    Même si l’artificialisation des sols dépend aussi d’autres facteurs : mode de consommation (hypermarchés), mode de vie (résidences secondaires), mœurs (familles éclatées = logements multiples), accueil touristique, et j’en passe…), il est clair que la démographie joue son rôle.
    Elle le joue d’autant plus, que si l’on avait décidé de stopper la croissance démographique à l’époque où le rapport Meadows nous a alerté sur les méfaits de la croissance (c’est à dire il y a 40 ans), nous ne serions qu’aux alentours de 50 millions : que de problèmes en moins !!!
    Mais évidemment les natalistes ont tout fait (et continuent à tout faire) pour que nous atteignons le chiffre record et mythique de 100 millions…
    En France aussi, la démographie est donc un gros problème écologique (d’autant plus que nous ne disposons pas, ou si peu, de ressources fossiles), et la première mesure à prendre serait de plafonner les allocations familiales à 2 enfants (sans effet rétroactif évidemment) comme le propose l’association Démographie Responsable.

  19. MOA

    manso : » la première mesure à prendre serait de plafonner les allocations familiales à 2 enfants »

    La première? c’est donc la priorité selon vous?

    Donc tout le reste est secondaire? c’est bien ça?
    Voire même, cela permettra de ne rien changer à « tout le reste « ?

    Tout le reste = société énergivore qui permet l’étalement urbain, gaspillage des ressources, sur-consommation, etc…

    Secondaire…. la priorité est de limiter les allocs à 2 enfants?

  20. MOA

    manso : « nous ne serions qu’aux alentours de 50 millions : que de problèmes en moins !!! »

    Normalement, dominique, vous devriez intervenir là, non?

  21. Oui, @MOA, la première mesure à prendre concernant la croissance démographique française serait de plafonner les allocs.
    En effet, que je sache, rendre la société moins énergivore ne fera pas baisser la natalité…

  22. Tassin

    @ Tous :

    Il est vrai que la France est un des seuls à avoir une politique nataliste en Europe. Celà dit notre population n’augmente que grâce (ou à cause c’est selon) l’immigration.

    La natalité est un sujet dont il faut se préoccuper en faisant tendre à la légère baisse le taux de natalité mais ce n’est pas un sujet central ici en France.
    Ça l’est davantage dans les pays en développement mais là bas, le meilleur outil pour faire diminuer la natalité c’est l’accès à l’éducation et à un minimum de confort matériel (logement et travail rémunéré).

    Dans des pays comme l’Allemagne, le Portugal ou le Japon, avec des taux de natalité de 1,3 ou 1,4 enfants par femme, il convient de prendre des mesures afin d’éviter un désastre démographique. Donc de mettre en place une politique nataliste permettant de remonter à 1,8 ou 1,9 enfants par femme.

  23. MOA

    manso : »Oui, @MOA, la première mesure à prendre concernant la croissance démographique française serait de plafonner les allocs.
    En effet, que je sache, rendre la société moins énergivore ne fera pas baisser la natalité… »

    J’ai bien compris qu’une société qui a pour objectif de limiter sa natalité, doit a priori agir sur…. la natalité (et donc pourquoi pas sur les allocs).

    Mais ce n’est pas de ça que je parlais.

    En reprenant depuis le début.

    Ce que montre cet article, c’est que nos sociétés sont confrontés à des problèmes de pollution, pénuries de ressources, perte de biodiversité, changement climatique etc… on est d’accord?

    L’artcile présente donc la réduction de la consommation de biens matériels comme solution prioritaire.

    La solution prioritaire que vous préconisez, vous, c’est de limiter les naissances en priorité (via la réduction des allocs) c’est ca?

    Si c’est ça, je renouvelle mon précédent commentaire (en reformulant ce qui concerne les allocs).

    La priorité c’est de limiter les naissances (via la reduction des allocs)?

    Donc tout le reste est secondaire? c’est bien ça?
    Voire même, cela permettra de ne rien changer à « tout le reste « ?

    Tout le reste = société énergivore qui permet l’étalement urbain, gaspillage des ressources, sur-consommation, etc…

    Secondaire…. la priorité est de limiter les naissances (via la réduction des allocs)?

  24. MOA

    Tassin : « La natalité est un sujet dont il faut se préoccuper »

    Je suis bien d’accord.

    Ce qui me gène franchement, c’est de mettre ça en priorité pour lutter contre le problème évoqué par cet article. Cela semble être l’avis de manso.

  25. apanivore

    Manzo, l’année où pour la première fois vous êtes apparu dans les statistiques de l’INSEE, avez vous pleinement pris conscience que vous y êtes entré INUTILEMENT et dangereusement vous aussi ? Qu’avez vous envisagé pour soulager le pays de l’inutilité et de la dangerosité que vous constituez pour lui ?
    Bon trêve de sarcasme :)
    Sur le fond, mais pas sur le vocabulaire, on est à peu près d’accord.

    Le rôle d’un gouvernement n’est-il pas de permettre à tous de vivre dignement, d’avoir accès à l’eau, l’assainissement, la nourriture, etc. … est-ce réellement de nous gérer comme un cheptel ?

    Je ne pense pas. Pas prioritairement. Comme vous l’avez dit la population française devrait bâtir l’équivalent d’une ville comme Nice tous les ans (350.000 personnes de plus) mais le problème c’est qu’on en bâti 4.

    Et même si la population n’augmentait plus, avec notre mode de vie de gaspilleurs, il y a fort à parier qu’on continuerait à en bâtir 2.

    Contre ça il y a des mesures qui pourraient être prises et qui seraient bien plus efficaces, bien plus rapidement qu’une politique de dénatalité.
    Par exemple une régulation du foncier, que la spéculation ne soit plus possible. De très lourdes taxes, voire une interdiction, des résidences secondaires… Le gel effectif de tout projet d’autoroute, d’aéroport, de grand stade, de LGV … (alors que souvent une modernisation de l’existant répondrait au besoin). Tous les gens que je connais qui ont fait bâtir une maison avaient toujours la possibilité, dans un rayon de quelques kilomètres, de rénover une maison ancienne ou d’habiter en appartement.

  26. Tassin

    @ MOA :

    C’était exactement le but de mon commentaire ;-) : Relativiser l’importance de cette question. Surtout que tout diffère selon les pays.

    Il y a même des pays ou l’augmentation de la natalité est une nécessité (Allemagne, Portugal, Japon pour ceux que je connais) !!

  27. @MOA, notre prolifération est une tragédie. L’humanité n’aurait jamais dû dépasser les 4 à 5 milliards. C’eut été possible dans les années 70, au moment du Rapport Meadows : « nous » avons loupé le coche et il n’est pas sûr que nous nous en sortirons.
    Nous sommes donc malheureusement déjà 7 milliards et nous acheminons (selon la projection moyenne de l’ONU) vers 10 milliards à l’horizon 2100 (sans devoir nous en arrêter là).
    Mais il existe aussi une projection basse avec plafonnement à 8 milliards en 2050 suivie d’une décroissance qui nous mènerait à 6 milliards en 2100 et sans doute une stabilisation vers les 4 milliards dans le courant du siècle suivant. Mais pour ce faire, il faudrait que tous le Hommes de bonne volonté se mobilisent pour cette juste cause.
    Alors oui, si je regarde sur le long terme, je dis que la priorité STRATÉGIQUE est la maîtrise de la natalité, où que ce soit sur la planète, y compris en France.
    C’est d’ailleurs le sens du combat de l’association Démographie Responsable (en lien sur mon nom) qui semble parfois prêcher dans le désert…
    Maintenant sur le court terme, il est bien évident qu’il faut baisser drastiquement la consommation occidentale et personnellement, je ne chauffe pas mon appart (une bonne doudoune me suffit), je n’ai pas de frigo, j’utilise l’eau de vaisselle pour les toilettes, je ne mange pas de viande, etc…
    Cordialement

  28. Jean-Marc

    Tassin : « La natalité est un sujet dont il faut se préoccuper »

    MOA : « Je suis bien d’accord. »

    Moi : Je suis bien d accord avec vous 2

    d ailleurs, Tassin le dit très bien :
    Tassin :
    « il y a [..] des pays où l’augmentation de la natalité est une nécessité (Allemagne, Portugal, Japon pour ceux que je connais). »

    Il y a 2 choses, sur la natalité, à faire :

    - pour accélérer la transition démographique (et donc, arriver à une population mondiale +/- stabilisée plus basse : plus la transition va vite = plus la chute du taux de natalité va vite avant de se stabiliser à bas niveau),
    il faut favoriser l’éducation, et SURTOUT l éducation laïque des filles dans les PVD (et si possible l’éducation sexuelle des filles, entre autre sur les moyens de contraception).

    - pour éviter un trop grand veillissement de la pyramide des âges, et surtout un vieillissement généralisé des mentalités l accompagnant, dans l europe et au japon, où les taux de fécondités sont passés sous les 2,1 [la france a un des taux les moins bas, mais les taux sont tellement bas en espagne, allemagne, scandinavie, japon,... qu'ils induisent déjà, des problèmes de société qui se sclérose; problèmes qui risquent de s agggraver, vu leur taux de fécondité actuels (différence entre le baby boom et l allemagne de Merkel, la "nouvelle" allemagne des rentiers à la retraite*)], il est important de légèrement favoriser les naissances; avec, par exemple, la création de crêches en allemagne.

    Car, pour se rénover, une société a besoin de l aiguillon de la jeunesse… et ceci, au-delà d’un cercle « d indignés » tournant en rond
    (ainsi, malgré une forte présence d indignés, l espagne vient encore d accepter un prêt public pour ses banques privées ou anciennement privées, mais privées au moment des dettes… l exact inverse que ce que les indignés, le peuple grec et le peuple espagnol demandent…)

    * bien sûr, à la suite du baby boom, il y a eu une hausse spectaculaire de la consommation, et la mise en place de la société de consommation « moderne »;
    mais il y a eu aussi les remises en cause, des bouleversements de la société autour de l année 68
    [et pas que mai 68 en france... faut regarder un peu partout, en particulier la tentative à Prague, avant l intervention des chars russes (celà a été un échec sur le coup... mais celà a continué à germer dans les esprits)] en passant par différents mouvements remettant la société en cause (vie en communauté, amour libre, société du don et de l’échange : une remise en question complète du modèle de l’époque).

    Je ne dis pas qu’il faut recréer artificiellement le mouvement du larzac, du retour à la terre ou des communautés hippies (quoique… le retour à la terre, avec les AMAP, c est très bien).

    Je dis que, sans une société en partie jeune, on n aurait pas eu ces mouvements;
    et, pour que de nouveaux mouvements émergent (qui restent à découvrir… ils ne seront pas forcément là où on les attend, ni là où j apprécierai de les voir : c est eux qui choisiront leurs combats et leur mode de vie), il faut une pyramide des âges qui ne se resserre pas trop à la base.

  29. Yannick

    Allez! Une bonne grosse météorite et PAF! C’est reparti comme en -65000000…:)
    Plus sérieusement, on observe régulièrement chez les être vivants que les populations s’autorégulent. Je pense que l’être humain n’y échappera pas. Laissons le pétrole,l’argent et les microbes se charger de ceci…En attendant, cela ne nous empêche pas vous comme moi d’avoir un choix de vie.
    Et si ce choix ne dépend pas de ressources de riches, moins dure sera la chute.