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La vie sans voiture(s)

Vers l’automobile immobile

Vers l’automobile immobile

A Paris en 2004, la vitesse moyenne de l’automobile est restée stable autour de 16,6 km/h .

Au sein des agglomérations françaises, la vitesse moyenne des voitures oscille entre 15 et 20 km/h, soit à peu près la vitesse moyenne d’un vélo !

Un article de presse relate même une expérience intéressante qui montre que le vélo peut être plus rapide que l’automobile en milieu urbain. Une compétition s’est déroulée entre un automobiliste et un cycliste: l’un comme l’autre devaient rallier huit points de la ville d’Antony, sans chercher à aller le plus vite possible. Tous deux sont partis un dimanche matin à 10h30, c’est-à-dire en-dehors des heures de pointe qui auraient pu pénaliser encore plus l’automobile.

Le cycliste a réalisé le parcours prévu en une heure et la voiture l’a rejoint 25 minutes plus tard… Malgré des passages sans feux et sans place de parking à chercher, il n’a pas été possible pour la voiture de rattraper son retard, le vent ayant de plus handicapé le cycliste.

Il s’agit en outre de vitesse moyenne en condition réelle de circulation. Mais, la vitesse automobile peut être calculée tout autrement, en prenant en compte l’ensemble du temps humain nécessaire pour faire rouler une voiture, et en particulier le temps de travail nécessaire pour payer son automobile, les frais, les taxes, l’essence, l’assurance, etc.

Ivan Illich a réalisé ce calcul et montre ainsi qu’un Américain moyen consacrait, au début des années 70, plus de mille six cents heures par an à sa voiture , que ce soit en roulant ou en travaillant pour la payer. S’il exerce une activité professionnelle, l’Américain moyen dépense ainsi mille six cents heures chaque année pour parcourir dix mille kilomètres; cela représente une vitesse moyenne d’environ 6 km/h, soit à peine plus que la vitesse moyenne d’un piéton (4 à 5 km/h).

Ivan Illich a ainsi défini le concept de vitesse généralisée, compris ici comme le rapport de la distance parcourue au temps que l’on met à la parcourir. Cette définition n’a rien de révolutionnaire, sauf que dans le «temps que l’on met à la parcourir» il y a le temps effectif du déplacement et le temps que l’on passe à se donner les moyens du déplacement.

Alain Vaillant a formalisé cette notion de vitesse généralisée, qui traduit le fait que la vitesse moyenne de l’automobile dépend du type de véhicule et du revenu moyen du possesseur de ce véhicule.

Certes, les chiffres d’Illich sont déjà anciens (1973) et concernent les Etats-Unis. Mais, Denis Cheynet, dans « Automobile et décroissance », a réalisé une actualisation de ces données et une adaptation à la situation française, basée sur une estimation de la vitesse généralisée de l’automobile .

Sur la base des chiffres officiels du Ministère de l’Equipement, il est possible de montrer qu’à 50 km/h de moyenne au compteur, la vitesse réelle d’une automobile est en fait identique à la vitesse instantanée d’un vélo (environ 16 km/h). Plus étonnant, même en roulant à une vitesse infinie, un automobiliste ne se déplacerait réellement jamais à plus de 25 km/h de vitesse réelle (incorporant l’ensemble du temps nécessaire à l’acquisition et l’entretien de l’automobile).

En outre, les coûts pris en compte ici ne tiennent pas compte des coûts environnementaux de l’automobile (guerres, marées noires, pollution atmosphérique, etc.).

Pour conclure, citons l’Encyclopédie des nuisances : « comme dans toutes les religions, ce qui compte c’est le rite et non le résultat, sinon celle-ci se serait déjà effondrée devant cette simple constatation: la vitesse de déplacement moyenne du citadin motorisé est de l’ordre du double de celle d’un piéton, mais si l’on ajoute à ce temps de déplacement, le temps socialement nécessaire à produire ce qui le permet, on arrive à une vitesse globale moyenne de déplacement nettement inférieure à celle de l’homme du paléolithique. Un tel résultat objectivement dérisoire devrait légitimement troubler l’usager et le planificateur si une quelconque objectivité constituait un critère de jugement dans cette société. On sait qu’il n’en est rien. Et ce qui pourrait prêter seulement à sourire devient moins drôle quand on constate que pour en arriver là, il a fallu bouleverser de fond en comble le territoire urbain et rural. »

Source: Pour en finir avec la société de l’automobile
Marcel Robert, CarFree Editions, septembre 2005



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